LE ROI DE CŒUR

© Fildebroc, Montoro

France, Italie / 1966 / 103 minutes / couleur

Réalisateur : Philippe de Broca
Scénario : Philippe de Broca, Daniel Boulanger
Photographie : Pierre Lhomme
Musique : Georges Delerue
Interprètes : Alan Bates, Pierre Brasseur, Micheline Presle, Geneviève Bujold, Jean-Claude Brialy, Michel Serrault, Julien Guiomar, Françoise Christophe, Adolfo Celi, Daniel Boulanger, Jacques Balutin, Palau, Philippe de Broca, Philippe Bruneau, Yves Robert

L’intrigue : En 1918, les Allemands s’apprêtent à faire exploser une petite ville du Nord de la France. Alors que la population s’enfuit, un soldat britannique est chargé de désamorcer la bombe mais il doit composer avec les aliénés de l’asile psychiatrique, désormais libres.

Inspiré par de véritables histoires dramatiques de fous abandonnés à leur sort pendant la Seconde Guerre mondiale, Le roi de cœur est l’un des films les plus originaux de Philippe de Broca, éloigné (pour un temps) des comédies légères et bondissantes avec Jean-Pierre Cassel ou Jean-Paul Belmondo. Les aventures de ces aliénés soudain rendus à une liberté fantasmagorique dans une ville déserte, dont les minutes sont comptées, se révèlent tout à la fois lyriques, ubuesques, émouvantes et tragiques. La musique remplace bien souvent d’inutiles dialogues dans les longues séquences de bacchanales, au cours desquelles les passés saturnien et médiéval de la France urbaine ressortent comme des spectres obscènes que l’on croyait disparus avec la modernité. Racontée comme une dernière journée de liberté avant l’apocalypse, cette histoire peut se lire comme la métaphore d’une humanité proche de l’autodestruction, sauvée de la fatalité par une fête des Fous improvisée, les aliénés apparaissant comme les gardiens joyeux de l’innocence corrompue. À sa sortie, le film fut un échec cinglant, comme nombre de films par trop clairvoyants sur leur époque et l’avenir.

J. Morvan (avril 2024)