JACK LE MAGNIFIQUE
Saint Jack
USA / 1979 / 115 minutes / couleur
Réalisateur : Peter Bogdanovich
Scénario : Peter Bogdanovich, Howard Sackler, Paul Theroux
Photographie : Robby Müller
Interprètes : Ben Gazzara, Denholm Elliott, James Villiers, Joss Ackland, Lisa Lu, Peter Bogdanovich, George Lazenby, Monika Subramaniam
L’intrigue : Au début des années 1970, à Singapour, un Américain tente de créer sa propre maison de passe, en dépit des menaces et des transformations politiques.
Impulsée par Orson Welles, cette adaptation d’un roman censuré à Singapour pour l’image peu flatteuse qu’il donnait de la ville (un bordel géant pour les soldats américains durant la guerre du Vietnam), Jack le magnifique est le portrait d’un homme délicat, placé par le destin dans ce bout du monde prêt à subir de profondes transformations, à l’aune des années 1970. En trois actes rythmés par le sourire d’un comptable bonhomme, Bogdanovich compose la fin d’un monde (les empires coloniaux), la fin d’un mode de vie (la présence occidentale en Asie du sud-est) et la fin d’un homme vieillissant, aux prises avec le pouvoir (les triades, l’armée). Tourné sur place, en dépit des autorisations officielles, le film est aussi la peinture vivante, quasi documentaire, d’une ville qui n’existe plus, pleine de couleurs chamarrées et d’exotisme cradingue, aux antipodes des fantasmes orientalistes du cinéma hollywoodien (incroyable séquence dans une chambre sordide, entre une prostituée et un trans qui se caressent sur la chanson de Goldfinger).
J. Morvan (avril 2023)