LA DERNIÈRE SÉANCE
The Last Picture Show

© BBS Productions, Columbia (1971)

États-Unis / 1971 / 126 minutes / noir & blanc

Réalisateur : Peter Bogdanovich
Scénario : Peter Bogdanovich, Larry McMurtry
Photographie : Robert Surtees
Interprètes : Timothy Bottoms, Jeff Bridges, Ben Johnson, Cybill Shepherd, Cloris Leachman, Ellen Burstyn, Eileen Brennan, Sam Bottoms, Randy Quaid

L’intrigue : Au début des années 1950, dans une petite ville du Texas, deux adolescents partagent leur temps libre entre le cinéma, le billard et les filles.

Pour Michael Cimino, « faire des films, c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé » – on ne saurait trouver définition plus juste. Dans La dernière séance, Peter Bogdanovich va encore plus loin en inventant une nostalgie fantôme pour un passé indicible. Les personnages errent dans une ville végétative dont il semble impossible de sortir, à l’image d’une prison dans laquelle ils sont contraints de grandir et de vieillir, jusqu’à l’effacement définitif ; cruel paradoxe au milieu de l’immensité du Texas et de l’État-continent américain. Leur mélancolie ressemble au vent qui souffle, du début à la fin du film : vaine, froide, sans réconforts. La musique grésille, le sexe est triste et les habitants se complaisent dans leur médiocrité, en regrettant un mystérieux ailleurs que personne, pas même le cinéaste ou le spectateur, n’est capable de matérialiser.

Sublime peinture d’un présent éternel, pessimiste, sans passé idyllique ni futur plein de promesses, La dernière séance est la représentation filmique d’un disque rayé. Classique sur sa forme (héritage de l’âge d’or hollywoodien), contemporain dans ses tourbillons de liberté (le Nouvel Hollywood, les années 1960 et 1970), le deuxième long métrage de Bogdanovich est un espace-temps innommable, sombre lumière jetée sur un passé sans issue. Force étonnante que de vouloir nous y faire revenir sans cesse, malgré tout, comme si le spectateur avait le pouvoir d’empêcher la fermeture définitive du cinéma, et avec lui l’enfance, l’innocence et le temps des rêves en couleur.

J. Morvan (avril 2023)

Séances

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