LA FEMME-BOURREAU

France / 1968 / 68 minutes / noir & blanc

Réalisateur : Jean-Denis Bonan
Scénario : Jean-Denis Bonan
Photographie : Gérard de Battista
Musique : Bernard Vitet, Daniel Laloux
Interprètes : Claude Merlin, Solange Pradel, Myriam Mézières, Jackie Raynal, Catherine Deville, Alain-Yves Beaujour, Bernard Letrou, Jean Rollin, Serge Moati

L’intrigue : Un bourreau neurasthénique entame une liaison amoureuse avec l’inspectrice chargée d’enquêter sur une série d’assassinats dans Paris.

Tel un film de contrebande réalisé par quelque jeune pirate sans vergogne, La femme-bourreau reste une curiosité, visuellement superbe (malgré des moyens très limités) et paré d’une liberté de ton qui le fait vivoter aux marges de la Nouvelle Vague. Tout à la fois teinté d’expressionnisme allemand et d’érotisme libertaire, ce faux film noir brise les codes, les cadres et la morale, dans une enquête à tiroirs, filmée au cœur de la nuit parisienne à la manière d’un documentaire – dont le cinéaste s’amuse à plusieurs reprises. Chaque plan impose une trouvaille esthétique, un admirable travail sur le son, la musique et les chansons (complaintes de Daniel Laloux), puis se révèle une impasse pour l’esprit romanesque du spectateur déboussolé.

Féroce critique d’une société de faux-semblants, puritaine et dévergondée, le film s’ouvre et se ferme dans les émanations sordides de la torpeur administrative, monstre froid détenteur de la violence (et de la mort) légitime, finalement plus effrayant que le tueur, pathétique marginal victime de ses démons.

J. Morvan (avril 2023)