LE DÉFROQUÉ

© Gaumont, SFC

France / 1954 / 107 minutes / noir & blanc

Réalisateur : Léo Joannon
Scénario : Léo Joannon, Denys de la Patellière
Photographie : Nicolas Toporkoff
Musique : Jean-Jacques Grünenwald
Interprètes : Pierre Fresnay, Pierre Trabaud, Nicole Stéphane, Marcelle Géniat, Abel Jacquin, Georges Lannes, Georges Géret

L’intrigue : Prisonnier dans un camp d’officiers en Allemagne, un prêtre défroqué est obligé de révéler son secret à ses compagnons en donnant l’extrême-onction à l’aumônier qui se meurt. À ses côtés, un jeune soldat est touché par la grâce et décide de consacrer sa vie à Dieu.

Quelques années avant le concile Vatican II, Le Défroqué pose avec beaucoup de justesse la question de la vocation sacerdotale dans l’Église catholique, en confrontant un ancien prêtre (Fresnay), usé par l’hypocrisie et les mensonges, et un nouveau séminariste (Trabaud) soudain touché par l’amour de Dieu. Le dialogue, souvent brillant, évite les pièges et la didactique pataude : au contraire, sous ses aspects un peu lisses (la mise en scène de Joannon, la fin attendue), le film se révèle incisif, violent, parfois à la limite de la provocation blasphématoire (la scène du vin blanc consacré, au restaurant). Pierre Fresnay retrouve les ors tourmentés du catholicisme séculier, avec un rôle qui conclut une sorte de trilogie informelle, débutée avec la sainteté de Monsieur Vincent (Cloche, 1947) puis l’abandon méprisant de l’institution dans Dieu a besoin des hommes (Delannoy, 1950). En seconds rôles, Pierre Trabaud et Nicole Stéphane, injustement oubliés, sont formidables.

J. Morvan (déc. 2023)