LE PAYS DE LA VIOLENCE
I Walk the Line

États-Unis / 1970 / 96 minutes / couleur

Réalisateur : John Frankenheimer
Scénario : Madison Jones, Alvin Sargent
Photographie : David M. Walsh
Musique : Johnny Cash
Interprètes : Gregory Peck, Tuesday Weld, Estelle Parsons, Ralph Meeker, Lonny Chapman, Charles Durning

L’intrigue : Dans une petite ville pauvre du Tennessee, un shérif entame une liaison passionnée avec une jeune fille dont la famille fabrique de l’alcool de contrebande.

Filmé comme une longue élégie dans une campagne verdoyante, Le pays de la violence ressemble à cette passerelle brinquebalante que le shérif utilise à de multiples reprises pour retrouver sa maîtresse : pont fragile entre deux époques du cinéma américain (la période classique et le Nouvel Hollywood), le film creuse aussi un sillon boueux entre deux Amériques et deux visions du rêve américain, celle du spectateur qui croit encore pouvoir se réfugier dans les yeux rassurants de Gregory Peck (personnage le plus pathétique du film, interprété avec douleur, ce qui renforce sa déchéance à l’écran), et celle du cinéaste, impitoyable, qui montre un peuple sans fards, où chacun s’apitoie dans le péché pour oublier qu’il n’y a de dieu que pour les saints. La flamme de la violence ondoie dans les regards des laissés pour compte – ces visages miséreux qui encadrent cette œuvre noire, film de fantômes et d’angoisses mystiques.

J. Morvan (mars 2023)