MAM’ZELLE NITOUCHE

© Paris Films Production, Panitalia, Tamasa

France / 1954 / 88 minutes / couleur

Réalisateur : Yves Allégret
Scénario : Marc Allégret et Marcel Achard
Photographie : Louis Née
Musique : Georges Van Parys
Interprètes : Fernandel, Pier Angeli, Jean Debucourt, François Guérin, Michèle Cordoue, Renée Devillers, Louis de Funès, Nerio Bernardi, Jacques Dynam, Daniel Ceccaldi, Bernard Lajarrige, Georges Chamarat

L’intrigue : À la fin du XIXe siècle, l’organiste d’un couvent de jeunes filles mène une double vie de compositeur d’opérettes. Alors qu’il revient d’une soirée tumultueuse chez sa maîtresse, il est démasqué par les pensionnaires.

Énième adaptation cinématographique de l’opérette à succès de Meilhac, Millaud et Hervé (1883), Mam’zelle Nitouche devait initialement être réalisé par Max Ophüls, lequel avait imaginé un scénario original, centré sur un Fernandel qui se serait démultiplié à l’écran, dans une farandole de variations autour de son personnage dichotomique. Les versions divergent pour expliquer un remplacement de dernière minute par Yves Allégret, frère de Marc, scénariste du film et réalisateur d’une première version avec Raimu en 1931. On peut légitimement penser que le film aurait été très différent sous la direction d’Ophüls, qui tourna Lola Montès (1955) à la place.

Tourné dans des décors peints à la manière d’une comédie musicale de l’âge d’or hollywoodien, le film est (pour les amateurs du genre) une explosion de couleurs, de luxueux costumes, de musiques mièvres et de bons sentiments. Bien qu’un peu âgé pour le rôle, Fernandel est amusant, notamment dans la dernière partie du film à la caserne – comme s’il retrouvait le comique troupier de ses débuts. Toutefois, l’intérêt du film réside surtout dans la prestation de Pier Angeli, charmante peste-ingénue (comme les premiers rôles de Danielle Darrieux), et des impayables seconds rôles (Louis de Funès, Dynam, Ceccadi, Chamarat et les autres). Pour le reste, Mam’zelle Nitouche est un concentré de kitsch, tellement exacerbé qu’il échappe à toute critique esthétique ou morale ; avec le temps qui s’effeuille, il se rapproche davantage du livre d’heures médiéval que de la comédie musicale à la française.

J. Morvan (mars 2024)