MAGAZINE / NOVEMBRE 2022
JEAN GABIN
Les livres consacrés à Jean Gabin ne sont pas rares. Depuis la biographie d’André Brunelin (Gabin, 1987), qui continue de faire autorité sur le sujet, jusqu’aux plus récentes publications de Brieu (Jean Gabin, gueule d’amour, 2001), Jelot-Blanc (Gabin inconnu, 2014) ou la bande dessinée de Vincenzo Bizzarri et Noël Simsolo (Jean Gabin, l’homme aux yeux bleux, 2021), la vie et l’œuvre du « vieux » continuent de faire couler de l’encre, parfois un peu trop nostalgique ou commerciale pour être honnête.
À l’occasion de la très belle exposition Jean Gabin proposée à l’Espace Landowski de Boulogne-Billancourt (mars 2022-janvier 2023), les éditions de la Martinière publient un livre cosigné par Patrick Glâtre, fin connaisseur de Gabin et membre actif de la Société des Amis du Musée Jean Gabin de Mériel, et Mathias Moncorgé, fils de l’acteur. L’ouvrage propose une biographie sommaire de celui qui fut le « patron » du cinéma français pendant plusieurs décennies (« Une histoire française ») et revient, film par film, sur son imposante carrière, découpée en plusieurs chapitres correspondant aux figures d’autorité de Jean Gabin, tour à tour « garant des traditions », « anarchiste royaliste » ou « homme du passé ».
Outre les documents issus des collections privées de l’acteur ou du Musée de Mériel, l’intérêt de cet ouvrage est d’avoir le souvenir, pour presque tous les films, de Mathias Moncorgé. Jamais passéiste ou justicier, le fils de Jean Gabin livre ses souvenirs comme un enfant se souvient de moments privilégiés ou amusants avec ses parents. On apprend des choses sur les pyjamas, les pipes, les colères, les amis, les vacances de Gabin, assez peu d’histoires de tournage. Les enfants de la star ne venaient presque jamais sur les plateaux.
Il faut lire ce livre en complément d’une rétrospective des plus grands films de l’acteur, confortablement installé dans un canapé, une pile de DVD/Blu-ray sur la table basse. Au-delà des classiques, le livre incite aussi à (re)découvrir quelques longs métrages moins connus : Sous le signe du taureau (Grangier, 1969), La Horse (Granier-Deferre, 1970), Le soleil des voyous (Delannoy, 1967), Monsieur (Le Chanois, 1964) ou les très beaux Rue des prairies (La Patellière, 1959) et Le jardinier d’Argenteuil (Le Chanois, 1966), où Jean Gabin se mue progressivement en statue du commandeur, figé dans une époque qui se transforme, dépassé par une jeunesse aventureuse, éprise de liberté.
Julien Morvan
Novembre 2022
Jean Gabin
Patrick Glâtre, Mathias Moncorgé
Éditions de la Martinière, 2022