CYCLE / JANVIER – JUIN 2024

LA NATURE DE L’HOMME
Communion, excommunication, domination

Le Convoi sauvage (Richard Sarafian, 1971)

Ô toi que voilà, pleurant sans cesse, qu’as-tu fait de ton Éden ?

Les cinéastes entretiennent un rapport paradoxal avec la nature. En Occident, depuis plusieurs décennies, inspiré par Rousseau puis Thoreau, par un transcendantalisme romantique, le cinéma se fait souvent le chantre d’une nature libératrice, un éden dont l’infini sauvage est gage de délivrance pour l’homme urbain, asphyxié de gaz d’échappement et vautré dans le péché. Que l’on repense au héros du film Into the Wild (Penn, 2007), dont le succès repose en partie sur ce fantasme du « retour à la nature » : le garçon meurt pourtant de son immaturité à quelques kilomètres de la civilisation qu’il voulait fuir, mais devient une sorte d’icône contemporaine.

Dans le cinéma de la Russie, pays-continent recouvert de forêts gigantesques, il est singulier de constater que la nature apparaît davantage comme une prison, un exil sauvage duquel l’homme doit se prémunir, au risque de disparaître. Méconnue en France, cette cinématographie de l’Est sera mise à l’honneur en avril, au cours d’une soirée spéciale, avec un double programme vivifiant.

Ce cycle de sept films permettra aux spectateurs du Ciné-club de Montereau d’explorer différentes représentations cinématographiques des liens entre l’homme et son environnement naturel, qu’il soit hostile (Délivrance, Dersou Ouzala), mystique (Le Retour) ou fantasmé (Compartiment n°6). Le cycle sera aussi l’occasion de (re)découvrir sur grand écran des films plus rares, comme l’étonnant Jour du dauphin (Nichols, 1973), le méconnu La Horse (western normand avec Jean Gabin) ou La Fille de Ryan, somptueuse fresque lyrique de David Lean, présentée dans une copie restaurée.

Julien Morvan
Janvier 2024